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Chaudes-Aigues : une histoire thermale millénaire

La renaissance thermale de Chaudes-Aigues : Caleden rouvre ses bassins chaudesaigues

À Chaudes-Aigues, tout commence par l’eau. L’eau qui fume, qui coule sous les pavés, qui nourrit, soigne et réchauffe. Depuis des siècles, le village vit au rythme de ses sources, dont la plus célèbre, la source du Par, jaillit à 82 degrés – un record européen. Cette chaleur naturelle, venue du ventre du Massif central, a façonné le paysage, les gestes et l’identité des habitants.

Des origines naturelles aux premiers usages

Le nom de Chaudes-Aigues vient de l’occitan chaldas aigas, signifiant « eaux chaudes ». Dès le XIIe siècle, les textes mentionnent De Calide Aquis : l’eau chaude fait partie du nom du lieu avant même d’en faire sa renommée. Sous le village, une trentaine de sources bouillonnent, avec des températures variant de 50 à 82 °C. Cette chaleur vient du gradient géothermique élevé du sous-sol volcanique : les pluies s’infiltrent profondément, se réchauffent au contact des roches, puis ressortent chargées en minéraux et en gaz.

Le premier réseau de chauffage géothermique

Bien avant les stations thermales, Chaudes-Aigues a inventé l’usage domestique de la géothermie. Dès le Moyen Âge, un réseau souterrain permettait déjà d’acheminer l’eau chaude dans les maisons. En 1332, des documents mentionnent un système collectif desservant une quarantaine d’habitations. Chaque foyer bénéficiait d’une dérivation gratuite, à condition d’entretenir ses canalisations. Ce réseau, l’un des plus anciens au monde, faisait de Chaudes-Aigues une cité unique, où la chaleur naturelle du sol servait à chauffer les foyers, laver le linge ou préparer les repas. Mieux encore, ce réseau existe toujours partiellement aujourd’hui et chauffe encore quelques maisons du centre du village — un vestige vivant d’un savoir-faire médiéval.

Les lavandières du Par

Sur les cartes postales d’autrefois, on voit les lavandières penchées sur les bassins de pierre, au bord de la source du Par. Dans la vapeur du matin, elles battaient le linge dans une eau bouillante qui nettoyait sans savon. Ces gestes du quotidien racontent la première forme de thermalisme populaire : l’eau chaude comme soin, comme confort, comme vie partagée. Le mot “Par” viendrait d’ailleurs du verbe “parer”, utilisé pour désigner l’action de nettoyer ou d’épiler les animaux après l’abattage.

Du bain domestique aux établissements thermaux

Au XIXe siècle, la science s’intéresse à ces eaux sulfureuses. Médecins, géologues et ingénieurs se succèdent à Chaudes-Aigues pour étudier leurs vertus. Les premières installations thermales apparaissent entre 1820 et 1830, mais sans véritable structure durable. L’architecte Louis-Charles Ledru propose dès 1834 un projet d’établissement thermal. Des entrepreneurs locaux, comme Felgères ou Abrial, reprennent l’idée. Vers 1889, le docteur Abrial obtient la concession officielle des eaux du Par : la station thermale de Chaudes-Aigues prend forme. On y soigne alors les affections articulaires, les névralgies, les rhumatismes. Le village devient une étape du tourisme thermal naissant, au même titre que Vichy ou Châtel-Guyon, mais avec un caractère plus intime et montagnard.

Déclin, innovations et renouveau

Comme beaucoup de stations, Chaudes-Aigues connaît des périodes de déclin : guerres, crises, désintérêt du public. Pourtant, l’eau continue de couler. À la fin du XXe siècle, le site connaît une renaissance avec la mise en place d’un programme expérimental de géothermie. Entre 1978 et 1983, une microcentrale est installée pour produire de la chaleur et démontrer la viabilité d’un réseau de chauffage moderne. Dans les années 1990, l’idée d’un nouveau centre thermal voit le jour. Le projet Caleden est lancé : un lieu qui associe cure médicale, spa et thermoludisme.

Caleden, la continuité d’une histoire

Le centre Caleden, inauguré en 2009, n’est pas une rupture avec le passé : il en est la continuité. Situé à quelques mètres de la source du Par, il puise toujours son eau dans le même réservoir naturel. À la fois établissement de cure, espace bien-être et pôle thermoludique, Caleden prolonge l’histoire du thermalisme local tout en l’ouvrant à de nouvelles formes de tourisme. Après des années de travaux, la partie thermoludique rouvre à l’automne 2025, redonnant au village sa pleine vitalité.

Le Musée de la Géothermie et du Thermalisme

Créé pour préserver cette mémoire, le Musée de la Géothermie et du Thermalisme retrace l’histoire scientifique, technique et humaine des eaux chaudes. Maquettes, instruments anciens et bornes interactives expliquent comment les habitants ont, dès le Moyen Âge, maîtrisé la chaleur du sous-sol. Le musée fait le lien entre les gestes anciens – laver, chauffer, soigner – et les technologies d’aujourd’hui. Il rappelle que Chaudes-Aigues fut la première ville au monde à vivre littéralement “dans” sa géothermie.

Un héritage vivant

Le thermalisme à Chaudes-Aigues n’est pas une relique. Il se réinvente sans cesse, entre tradition et modernité. Aujourd’hui encore, les habitants perpétuent ce rapport intime à l’eau chaude : elle chauffe les maisons, anime le tourisme, inspire les artisans et les restaurateurs. Le village a su transformer une richesse naturelle en culture partagée.

De la vapeur des lavandières à la modernité de Caleden, de la pierre aux mains qui la façonnent, Chaudes-Aigues reste un symbole rare : celui d’un lieu où la chaleur est plus qu’une température — c’est un mode de vie.

📍 Gourmet & Glouton – Restaurant et salon de thé
8 rue Notre-Dame d’Août – 15110 Chaudes-Aigues
Cuisine traditionnelle auvergnate, desserts maison, salon de thé.
www.gourmet-glouton.fr