Chaudes-Aigues : plus de trois mois d’incompréhension autour d’un homme en errance, finalement pris en charge
À Chaudes-Aigues, la situation d’un homme en errance installé à l’entrée du village a suscité, durant plus de trois mois, de nombreuses inquiétudes parmi les habitants, les commerçants et les curistes. Depuis la fin de l’été, ce ressortissant tunisien vivait dehors, parfois sous une tonnelle improvisée, déambulant quotidiennement dans le bourg avec deux valises et tenant des propos souvent jugés erratiques.
Une première alerte dès le mois d’août
La première alerte remonte au mois d’août, lorsqu’une commerçante a interrogé le premier adjoint devant la mairie au sujet de cet homme qui dormait dehors et se nourrissait parfois dans les poubelles. Ce jour-là, le premier adjoint avait indiqué que l’intéressé était sous Obligation de Quitter le Territoire Français (OQTF), qu’il disposait de quarante-cinq jours pour contester la décision, et qu’il était assigné à résidence à Chaudes-Aigues. Il aurait également été tenu de se présenter quotidiennement à la gendarmerie de Neuvéglise, où il aurait été conduit depuis Chaudes-Aigues avant d’être ramené dans la commune.
Un premier communiqué venu contredire les premières explications
Pourtant, dans un communiqué publié le 14 novembre à 11 h, le maire a démenti ces éléments, affirmant que l’homme n’était finalement pas sous OQTF, mais bel et bien assigné à résidence dans la commune. Une précision qui a suscité de nouvelles interrogations : comment comprendre une assignation à résidence pour une personne qui, précisément, ne dispose d’aucune résidence et vit dehors depuis des mois ?
Dégradation progressive de l’état psychique
Depuis le mois d’août, l’état psychique de l’homme s’était progressivement dégradé. Son agitation augmentait, ses propos devenaient plus confus, et sa présence inquiètait de plus en plus les riverains. Quelques habitants et une association de Saint-Flour lui ont fourni vêtements chauds, chaussures ou tente. Des gestes solidaires, mais insuffisants face à l’absence d’un véritable cadre d’accueil ou d’hébergement.
Interpellations officielles et relances politiques
Devant l’absence d’évolution, un courrier a été adressé à la mairie et à la Préfecture du Cantal le 2 novembre, sollicitant des informations claires et une prise en charge appropriée. Une semaine plus tard, le 10 novembre, plus de deux cents députés ont été contactés, dont les élus du Cantal. À ce jour, seuls les députés Joëlle Mélin et Laurent Jacobelli ont répondu, indiquant avoir relancé les services de l’État compétents.
Une mobilisation citoyenne massive
Le post publié par CAVD (collectif citoyen Chaudes-Aigues Village Développement), demandant publiquement des explications sur une situation laissée sans réponse depuis plus de trois mois, a immédiatement suscité de nombreuses réactions d’habitants. Messages privés, témoignages directs et inquiétudes exprimées dans le village ont afflué, confirmant un malaise largement partagé concernant la sécurité, la tranquillité du bourg et le sort de l’homme à l’approche de l’hiver.
Les deux communiqués du 14 novembre
C’est dans ce contexte que la mairie a publié son premier communiqué le 14 novembre à 11 h, répondant en partie aux interrogations soulevées par la population. Puis, le 14 novembre à 19 h, un second communiqué a annoncé que le ressortissant allait être transféré dans une structure d’accueil à Saint-Flour, disposant des moyens adaptés à sa prise en charge. Une issue accueillie avec soulagement, autant pour l’homme désormais à l’abri que pour les habitants du village.
Trois mois d’attente et un décalage entre terrain et institutions
Cette affaire met en évidence le décalage entre les réalités locales et la réactivité des services compétents. Pendant plus de trois mois, Chaudes-Aigues a dû gérer seule une situation relevant d’un cadre administratif complexe. Ce n’est qu’après la mobilisation citoyenne, les interpellations officielles et la prise de parole publique de CAVD que les choses se sont accélérées.
Une nécessité : communiquer au bon moment
Pour éviter toute extrapolation à l’avenir, beaucoup rappellent qu’il suffirait que la commune communique plus régulièrement. Les moyens existent : réseaux sociaux, site municipal, affichage public, bulletins d’information. Une communication plus claire et plus directe permettrait d’éviter les malentendus et de maintenir un lien serein entre élus et administrés. Dans un village, tous les sujets concernent l’ensemble des habitants : décisions, situations, inquiétudes, informations. Chacun est impliqué et chacun a droit à une information transparente.
Une séquence qui interroge sur le fonctionnement public
Cette séquence laisse également une impression partagée. Beaucoup constatent que les pouvoirs publics ne semblent agir que lorsque la situation devient intenable ou lorsque la pression citoyenne s’exprime de manière visible. Le fait que la prise en charge ait été annoncée huit heures après les premières réactions publiques, alors que la situation durait depuis plus de trois mois, interroge nécessairement. À l’approche des élections municipales, le risque de laisser s’installer un mécontentement local a sans doute joué un rôle dans l’accélération soudaine du dossier.
La force de la mobilisation citoyenne
Il est regrettable qu’il faille attendre une telle mobilisation pour débloquer des situations qui relèvent, au départ, de mécanismes institutionnels ordinaires. Mais c’est aussi, d’une certaine manière, rassurant : les habitants, lorsqu’ils se mobilisent collectivement et lorsqu’ils s’expriment, peuvent encore peser dans la balance, surtout au niveau local. Cette affaire rappelle ainsi que la parole citoyenne demeure un levier essentiel de la vie démocratique dans une petite commune comme Chaudes-Aigues.


